30 mars
J3 à Athènes. J’ai suivi la règle n°1 de la charte des volontaires de cette crise et ai pris du temps pour m’occuper de moi avant de m’épuiser. Cela m’était évident que ce séjour allait être émotionnellement chargé, mais je ne m’attendais pas à ce que le travail de volontaire soit également physiquement lourd. On reste facilement debout de longues heures et c’est très vite fait de ne pas manger ni boire suffisamment ou d’attraper une insolation en jouant trop longtemps au soleil avec les enfants ou en servant des repas. A cela s’ajoute la gifle émotionnelle que représente la journée d’hier et qui n’est pas facile à digérer... Bref, si je partage cela avec vous, c’est surtout parce que cela m’attriste et me frustre beaucoup de ne pas avoir pu retourner « sur le terrain » aujourd’hui, alors que je suis là pour si peu de temps.
Manifestation à Athènes menée par des Grecs et des réfugiés

En attendant, comme tous les jours, j’ai passé beaucoup de temps à lire ce qui se dit sur les groupes d’entraide sur Facebook et à me renseigner sur le matériel que je pourrai acheter avec tous vos précieux dons (merci, merci, merci !!!).
Aussi, une idée m’est soudainement venue de commencer des cours d’anglais pour les adultes ! Ce projet m’enthousiasme énormément car il me semble qu’il serait véritablement utile. En effet, certaines activités commencent à être mises en place pour occuper les enfants. Les adultes en revanche n’ont strictement rien d’autre pour remplir leurs journées que faire la file (pour manger, aller aux toilettes, demander une couverture, etc.) et regarder filer leur espoir en l’avenir… De plus, il me semble que même une maigre connaissance de l’anglais est un outil précieux et «empowering », où que ces personnes finissent par aller en Europe.
Toutefois, rien n’est simple ici et toute nouvelle idée doit passer l’épreuve des considérations pratiques pour savoir si elle pourrait être bonne. Voici le cheminement actuel de celle-ci :
-les espaces intérieurs sont réservés au logement d’une partie des réfugiés ainsi qu’au stockage > les cours devront donc avoir lieu à l’extérieur > trouver des couvertures pour faire asseoir les gens (> m’acheter une casquette et de la crème solaire cette fois-ci).
-les adultes sont nombreux > impossible de fournir un livre à chacun.
-pourquoi ne pas leur prêter des livres, le temps d’une leçon pour pouvoir les redistribuer à chaque fois par la suite > trouver une librairie qui vende ce genre de choses.
-trouvé la librairie ce soir > les livres sont trop chers (30 euros par livre).
-plan B : imprimer des fiches > je ne sais pas où imprimer + en quantité + ça créera des déchets supplémentaires.
-plan C : les élèves reçoivent des cahiers et des stylos pour noter et je fais l’enseignement sur un tableau blanc > trouver un tableau blanc à Athènes > le transporter (projet pour demain matin).
-comment donner un cours sans langue commune et avec aussi peu de matériel > heureusement, un poste sur Facebook me permet d’entrer en contact avec une réfugiée syrienne universitaire qui sait enseigner l’arabe et l’anglais et qui est d’accord de se joindre au projet J

Voilà, je croise les doigts pour que cela marche ! Si en plus ce projet pouvait être porté par une jeune réfugiée, qui plus est une femme, ce serait vraiment merveilleux.

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